... ou "petit village sans prétention", ou " le monstre du lac Champlain" ou "la douane de la 133"... Pas facile de choisir tant la journée a été riche et pleine de robondisements
Tout a commencé par une bonne résolution. Et si on allait se balader voir ce qu'il y a en dehors de Montréal au printemps ? D'ac. Réveil à 9h, Olivier (un gars du taf qui bosse su Révolution, je suis jalouse) passe nous prendre pour 9h et des brouettes. On s'était promis que s'il pleuvait on n'y allait pas... Il n'y avait pas de soleil certes, des gros nuages certes, une température pas si chaude certes... mais pas de pluie. Alors en route. C'est rigolo, Olivier dans son quatre-quatre, il a le GPS avec une voix de femme plutôt sévère. Quand il faut prendre à droite, on prend à droite. N'empèche que lui au moins pour sortir de Montréal et prendre la route qui va vers les statinsde ski, il ne met pas 45 mn.
Cette fois ci je ne conduis pas, je peux regarder par le fenêtre. Il fait super gris. Le paysage est tout plat. Sans relief. Tout plat aussi, loin, jusqu'où mon regard peut porter. C'est comme ça une fois que l'on passe le St Laurent. Il y a quelques fermes, des silos à grain. Pas de vaches. Mais où les cachent ils leurs vaches à la fin ? Qelques fermes donc et des grands champs immenses. On dirait la Beauce ;)
45 mn pour atteindre le tas de maisons nommé La petite Venise ou Venise en Québec. Ca nous laisse réveur quelques très très brefs instants. Un parking désert pour stopper l'auto et un lac immense, avec, dit on un monstre dénomé Champi caché au fond... http://www.municipalite.venise-en-quebec.qc.ca
Tout est fermé. Tout est désert. Trois pas vers le mini ponton, un minigolf à l'abandon qui attend des jours chauds et ensoleillés, un vendeur de glaces et ses chaises à bascules, des maisons en cartons aux couleurs inutiles. Il fait super gris et en plus il pleut maintenant. Est ce que tous les bleds du Québecs sont "charmants et sans prétentions" (je site le Lonely Planet). Le long du lac il y a des propriétés, grands jardins, maisons en bois goût plastique, décors de cinéma...
Il fait faim, direction Philipsburg pour s'en payer une tranche. Le GPS de sa voix synthétique nous embarque sans doute un peu trop loin. Douane à 3, douane à 2, Douane à 1 km. Il faut dire que le lac est coupé par la frontière entre le Canada et les US. Pas étonnant de flirter avec elle oui mais...
Moi je commence un peu à dire que c'est pas rigolo qu'on devrait déjà être arrivé, parce que bon là j'ai pas mon passeport et que la douane, c'est la douane américaine et que je n'ai pas le droit d'aller aux Etats Unis et que... Mais tant qu'on est encore au Canada, pas besoin de paniquer. Bon d'accord je dis.
Pause au DutyFree pour demander notre chemin. Il faut faire demi-tour parce que Philipsburg c'est juste derrière nous. Moi ça me fait drôle de savoir que la frontière américaine et juste là, pas loin du tout, le bâtiment tout vert pas beau au fond.
Op en voiture Simone. Pas facile de faire demi-tour la route est divisée par un énorme terre-plein et une cahute de douane canadienne sans doute. Allez op on s'engouffre derrière une voiture, comme au péage!
Moi je commence à avoir peur parce que mon passeport je ne l'ai vraiment pas du tout, que c'était pas une blague tout à l'heure quand je disais que je ne l'avais pas. Mais bon, on est toujours au Canada j'imagine alors il n'y a pas de problème.
Olivier lui a ses papiers Co et moi, pas du tout. Ca se complique après la vérification de la paperasse du char, parce que nous on est tout nu. On nous délivre un petit papier jaune, direction le bureau des douaniers. Olivier, lui, ça commence à le faire rigoler cette histoire absurde, parce qu'on vient juste de la route du sens d'en face, qu'on a juste fait un demi tour parce qu'on pouvait pas avant. La douanière ça ne la fait pas rire du tout. Interdit de quitter les lieux. Avec Co on est coincé à la douane... C'est grotesque, ils ont bêtes ou quoi ?
Explications du douanier : en faisant demi-tour on aurait l'espace de quelques mètres été en dehors du Canada, au petit plot là bas là... Où ça ? Moi je le vois pas son plot là. Mais c'est plus simple encore je pense. En passant le poste frontière, c'est comme à chaque frontière faut montrer son passeport. J'imagine que si Olivier nous avait laissé traverser à pied avant le poste de douane canadiène et que lui aurait fait demi-tour, il n'y aurait eu aucun problème. Non mais je rêve ! C'est tellement stupide !
La punition est sans appel. Impossible de quitter les lieux sans papier. Il est environ 13h la journée ne faisait que commencer... l'après-midi promet d'être charmante, retenu au poste, le cul sur un banc rouge metallique des plus inconfortables à attendre qu'Olivier fasse un aller et retour super sonic jusqu'à Montréal pour nous ramener nos passeports.
La faim dans les talons après un sandwich en plastique et un Kinder Bueno, les tablettes de choco du magasin Duty Free je dois les laisser à regret à la boutique parce que ce n'est pas à importer aux US, mais dans mon ventre, on s'égare dans la cartographie de la région près du lac St Jean, plus au nord, Lac Botte, lac Cailloux, Lac Croix, Coeur, Chaussure, Cygne... Le temps est long et le Cerbère veille le ventre en avant. Olivier appelle, il a nos passeports, il suffit d'être patient.
On révise les kanjis, on tourne en rond. J'ai soif. Mais toutes les fontaines sont non-pottables. La blague. On observe les douaniers. Ca ne chôme pas. Ca vide les coffre des voitures, ça confisque des bouteilles. Que le temps passe doucement...Il est 16h environ à présent. Cela va faire plus de 3h que l'on fait les pantins, manipulés par l'absurdité de la loi.
L'estampillage de nos passeports ne va prendre que quelques minutes. Moi je pense que je suis dans la quatrième dimension. Nous venons de rentrer légalement dans un pays alors que nous n'en sommes même pas sorti.
La douanière, du haut de ses 1m80 et de ses nombreux kilos nous clame le sourire aux lèvres (enfin !) mais quel sourire.... que cela nous "serve de leçon". Moi là tout de suite, j'ai envie de lui pêter sa ¤*@$ et lui dire que c'est de la merde sa frontière et que la signalisation elle est à chier, qu'il faut pas se foutre de la gueulle du monde non plus, elle est bête ou quoi comment fait on pour rentrer dans un pays alors qu'on en est même pas sorti, hein ? hein ? Les américains nous auraient laissé passer la frontière sans papier ? Les petits hommes oranges ils nous auraient déposé là juste entre les deux postes frontière grâce à leur technologie surper avancée et leur cerveau vif et intelligent ?? Plutôt que de réaliser que son act est stupide et de le reconnaitre et bien elle... je me tais, remet mon passeport au chaud.
Je titube jusqu'à la voiture devant si peu de bon sens. La journée est foutue, j'ai envie de vômir mes tranches de pain de mie en carton... Le temps est excécrable. La prochaine fois, promis s'il fait gris, je ne sors pas de mon lit.